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.S’il m’était permis de les interroger à ma manière, comme à l’époque où j’étais pirate…— Tu n’es plus pirate, et la justice est le bien le plus précieux de l’Egypte.Maltraiter un être humain est un délit.— Et laisser en liberté un criminel doublé d’un espion, n’est-ce pas un délit ?L’intervention d’un planton mit fin au débat.Améni et Serramanna furent conviés à entrer dans le vaste bureau de Ramsès.— Où en sommes-nous ? demanda le roi.— Serramanna est persuadé que le marchand syrien Raia est un espion et un assassin.— Et toi ?— Moi aussi.Le Sarde adressa un regard de gratitude au scribe.Entre eux, toute trace de dissension était effacée.— Des preuves ?— Aucune, Majesté, avoua Serramanna.— S’il est arrêté sur de simples présomptions, Raia demandera à être entendu par un tribunal, et il sera acquitté.— Nous en sommes conscients, déplora Améni.— Laissez-moi faire, Majesté, implora Serramanna.— Dois-je rappeler au chef de ma garde personnelle que toute brutalité sur la personne d’un suspect entraîne une lourde condamnation… pour l’agresseur ?Serramanna soupira.— Nous sommes dans une impasse, avoua Améni.Il est probable que ce Raia soit membre d’un réseau d’espionnage prohittite, peut-être même son chef.L’homme est intelligent, rusé et comédien.Il maîtrise ses réactions, sait larmoyer et s’indigner, et il se donne l’allure d’un marchand honnête et travailleur, dont l’existence est consacrée au labeur.Il n’en reste pas moins qu’il se déplace dans toute l’Egypte, va de ville en ville, et fréquente un grand nombre de gens ; existe-t-il meilleure méthode pour observer ce qui se passe dans notre pays, afin de transmettre des renseignements précis à l’ennemi ?— Raia couchait avec Nénofar, affirma Serramanna, et il l’a payée pour mentir.Il croyait qu’elle se tairait ; ce fut là son erreur.Elle a voulu le faire chanter, il l’a tuée.— D’après votre rapport, constata Ramsès, le Syrien aurait étranglé cette fille dans un local commercial qu’il louait.Pourquoi cette imprudence ?— Ce local n’était pas à son nom, rappela Améni.Remonter jusqu’au propriétaire, qui est hors de cause, puis jusqu’à Raia, ne fut pas facile.— Raia a sûrement songé à supprimer le propriétaire, ajouta Serramanna, de peur qu’il ne révèle son nom ; mais nous sommes intervenus à temps.Sinon, ce Syrien serait resté dans les ténèbres.A mon avis, Raia n’a pas prémédité le meurtre de Nénofar.En la rencontrant dans cet endroit discret, dans un quartier où personne ne le connaissait, il ne courait aucun risque.Un sévère avertissement aurait dû, d’après lui, suffire à la calmer.Mais la situation s’est envenimée ; la fille a eu l’idée de lui extirper une petite fortune contre son silence.Sinon, elle le menaçait de tout révéler à la police.Raia l’a tuée et il s’est enfui, sans avoir eu la possibilité de déplacer le corps.Mais il s’est forgé un alibi, grâce à ses complices syriens.— Si nous sommes à la veille d’un conflit direct avec les Hittites, estima Ramsès, la présence d’un réseau d’espionnage sur notre territoire est un lourd handicap.Votre reconstitution des faits est convaincante, mais le plus important est de savoir comment Raia transmet ses messages aux Hittites.— Un bon interrogatoire… suggéra Serramanna.— Un espion ne parlera pas.— Que suggère Ta Majesté ? demanda le scribe.— Questionne-le de nouveau, puis relâche-le.Tente de le persuader que nous ne retenons aucune charge contre lui.— Il ne sera pas dupe !— Bien entendu, reconnut le roi ; mais en sentant les mâchoires de l’étau se refermer sur lui, il sera contraint de communiquer avec le Hatti.Je veux savoir comment il s’y prend.33En cette fin du mois de novembre débutait la saison pendant laquelle les céréales commençaient à lever.Les graines semées proclamaient leur victoire sur les ténèbres et offraient au peuple égyptien la vie qu’elles portaient en elles.Ramsès aida Homère à descendre de la chaise à porteurs et à s’asseoir sur un fauteuil, devant une table chargée de victuailles, à l’ombre des palmiers, en bordure d’un canal.Non loin, un gué permettait aux troupeaux de traverser.Le tendre soleil des premiers jours de l’hiver caressait le front du vieux poète.— Ce déjeuner à la campagne vous séduit-il ? demanda le roi.— Les dieux ont accordé de grandes faveurs à l’Egypte
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