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.Que pourrait-il m’arriver de néfaste? C'est Notre Sportif Leader qui dirige d’une main sûre la Police et la Justice.Il empêchera qu’on inquiète un ami si fidèle.» Du jour au lendemain, toutefois, il devint moins célébré; comme il avait tenu à assister à cette finale de la Coupe du Monde dont il nous avait privés, même protégé par Sa Majesté, il se fit siffler par le public.La saison était aux sifflets.Pareillement, la baronne d’Ati en reçut quand elle exposa les mesures façonnées au Château en face des magistrats réunis en syndicats, qui avaient mal supporté que Notre Maître Absolu les comparât à des petits pois sans saveur, aussi ces femmes et ces hommes du Droit portaient-ils au cou des foulards ou des cravates à pois.La baronne les insupportait.Elle avait muté le procureur général d’Agen avec autorité et sécheresse, convoqué en son palais le vice-procureur de Nancy qui avait donné son avis et en avait le loisir légal, prétendu qu’on rendait la Justice au nom de Sa Majesté et non point au nom du peuple souverain.Il y eut des éclats de rire à chaque impair, des huées à chaque réforme non concertée.L'habitude de la familiarité de Sa Majesté, de la faveur, des distinctions, du commandement, de la lumière dorée des soirées dans le monde ou des portraits en flatterie dans de multiples gazettes rendait certes la baronne plus scintillante, mais la vanité suprême en constituait tout le fond.C'était une femme faite exprès pour présider à un bal, entendait-on chuchoter dans quelques antichambres peuplées de jaloux, et rien du tout au-delà.Cependant la magistrature résistait pour ne point perdre son éclat.Lorsque la baronne courut les provinces afin d’émietter et d’essouffler une contestation qu’elle ne voulait point voir enfler jusque dans les rues de Paris, elle reçut là encore force quolibets et sifflets.Chinon, Autun, Vendôme, Clamecy, Sancerre, Vierzon, elle entendait fermer les deux tiers des tribunaux d’instance, lesquels traitaient les litiges quotidiens des gens près de chez eux.Au nom du moderne, ils devaient rejoindre par leur absence le sort des commissariats de proximité et celui des commerces de proximité, à l’émoi des juges, des avocats, des maires, des députés, des habitants de ces futurs déserts où la justice n’était pas assez rentable.Certains accusèrent la baronne, dans cette foulée, de trop réagir à la verdeur des faits divers pour façonner ses lois, sur le choc d’une émotion, en s’appuyant sur l’opinion publique nourrie de crimes affreux qui révulsaient.On pensait au film Fury de M.Fritz Lang, quand une foule en hystérie veut pendre un innocent parce qu’il a une tête de coupable.Quand on vit les premiers résultats de la loi sur la récidive acceptée par le Parlement en août, ce fut consternant car il sembla que nous retournions dans l’univers malsain que décrivaient MM.Zola et Hugo, lorsque celui qui était condamné pour un premier larcin se retrouvait au second envoyé au bagne.L'ombre de Jean Valjean nous enveloppait; un gros nuage noir qui déconsidérait la Justice en l’éloignant du raisonnable et de l’utile.On donna des exemples dans les gazettes.Un jeune garçon s’acharnait sur un distributeur de sodas, non qu’il avait soif, mais il cherchait à détraquer l’appareil et à le forcer avec un tournevis pour récupérer des pièces.Il se fit surprendre par des vigiles qui le donnèrent à la police.Il n’en était pas à son premier méfait.Un an plus tôt il avait été appréhendé en flagrant délit parce qu’il avait dérobé une barquette de fraises dans un marché.La peine plancher, comme on disait alors, s’appliqua de suite et il fut envoyé en prison pour deux ans.Cet autre, qui avait dans sa poche deux grammes de cannabis, mérita quatre années ferme, au même titre qu’un malfrat accompli qui se faisait prendre pour avoir trafiqué trois tonnes d’héroïne.On vit la confusion et le dérèglement de cette loi qui frappait à l’aveugle le jeune perdu et le gros voyou.Ce système vicié existait déjà aux Etats-Unis et au Canada, où des experts avait étudié le problème et livré leur avis : au lieu de sécurité on créait de l’insécurité, puisque dans une prison surpeuplée, par contamination, les tout petits délinquants devenaient des gros délinquants chargés de haine.Sous l’ancien régime, les magistrats couverts d’hermine et de pourpre appréciaient la gravité de chaque délit avant de prononcer une sanction; ils parlaient même de sauver les malfrats afin que plus tard, acquittés de leur peine, ils pussent vivre et travailler à côté des gens de bien, car le bâton n’était pas systématique, mais Sa Majesté voulait rompre avec les coutumes d’antan.Parlait-on autrefois du parcours de l’accusé, pour expliquer sa noirceur? Halte-là! Une faute est une faute.On étudiait autrefois la personnalité du coupable? A quoi bon? Fallait-il cajoler ce gibier? Non! Au cachot! Les peines devaient s’appliquer en vertu de la pensée régnante, selon une mécanique ; il suffisait de frapper et se dispenser de trop réfléchir.Comme les magistrats récalcitraient et le disaient, qui fut bien étonné de leur langage si clair ? Ce fut Notre Juste Leader, qui trouvait le ton des juges d’autant plus fâcheux qu’il était appuyé de raisons sans réplique, auxquelles toutefois Sa Majesté refusait de céder.A l’évidence, les délinquants distingués et joliment nippés qui détournaient des milliards et criaient leur innocence relevaient d’une catégorie spéciale; l’indulgence était de mise sur leurs peccadilles, sinon le risque était trop grand de les bastonner en place publique puisqu’ils faisaient partie de l’édifice financier qu’il convenait de ne point lézarder.Pour la racaille, en revanche, nulle pitié : qui récidive récidivera, autrement dit, selon un fameux dicton de nos terroirs, qui vole un œuf vole un bœuf, mais qui vole un bœuf ne volera point d’œuf.A cette époque, Notre Equanime Souverain s’attachait à détruire son rival détesté, M.le duc de Villepin, et ces histoires de récidive tombaient à point.Il suffisait de charger M.le duc d’une ribambelle de récidives, afin qu’il en pâtit sévèrement et selon les lois nouvelles.Il fallait l’accabler d’une série de méfaits terribles, l’y noyer pour de bon et qu’il ne revînt jamais à la surface.Comme M
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