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.Pas envie de me faire chambrer.– Ta fille va mieux, Sandrine, elle s’est calmée avec les mecs ? poursuit Garance, qui déplace habilement le débat.– Oh oui, elle est très cool en ce moment, on lui a acheté un grand lit, comme ça au moins on sait où elle dort et avec qui…Profite de l’occasion pour enchaîner :– Ah oui ? C’est pas un peu gênant de prendre le petit déjeuner avec le mec de sa fille ?– J’ai résolu le problème, je le leur apporte au lit, comme ça pas besoin de boire mon café en face de deux autistes.Puis, avec un naturel déconcertant : Tu ne trouves pas que ça la vieillit les cheveux blancs, Garance, euh, c’est quoi déjà ton prénom ?Je me disais bien aussi que le coup du « Comment-tu-t’appelles-déjà » devait finir par sortir.– Alice…Puis, malgré mon scepticisme quant à la couleur de Garance, je la joue solidaire :– Non, j’aime beaucoup.Je pousse un immense soupir, me tourne vers Delphine, quand la folle qui a décidé de me faire la peau poursuit :– Tu ne manges pas ?– Euh, non, je suis au régime…– Ça doit être difficile de garder la ligne, non ? Après 45 ans, c’est l’horreur.– Je vois un nutritionniste justement.– Moi, je peux manger ce que je veux, je n’assimile pas les graisses…– Quelle chance…– Et ton mari, il vit ça comment, ton flip de la cinquantaine ?– Euh, je ne sais pas.C’est surtout lui qui va les avoir, les 50 ans…– Ah là là… L’âge où ils quittent leurs bonnes femmes, les salauds ! Tu dois avoir une pression…Ne me sens pas bien du tout.Me lève de table.– Excusez-moi, je reviens tout de suite…Les garçons parlent politique, et notre joute ne les intéresse pas.Ça tombe bien.Ne me voyant pas revenir, Garance me rejoint.Suis dans la salle de bains où je m’agrippe furieuse au lavabo.Devant le miroir, tente de calmer la force obscure qui me submerge.– C’est qui cette connasse, Garance, qu’est-ce que je lui ai fait ?– C’est la femme de Victor, un super ami de Jean.– Tu as vu comment elle te parle de tes cheveux ? Et moi, qu’est-ce qu’elle me veut ?– Elle est super mal dans sa peau, t’inquiète pas.– Mais putain, faut l’enfermer, elle est nocive…– Envoie-la chier un bon coup, ça va la calmer.Viens, on y retourne.De retour à ma place, ne dis rien.Écoute.Elle entreprend Sonia maintenant :– T’es presbyte ? C’est normal, à partir des 40, ça commence.– Toi aussi tu as ça ? interroge naïvement Sonia.– Non, moi j’échappe à ce truc de vieux.Je suis myope comme une taupe… et quand on est myope, on ne peut pas être presbyte, du moins pas aussi tôt…– Quel bol ! répond Sonia, qui n’y voit que du feu.Tu fais quoi comme boulot ?– Je suis ophtalmo.J’ai fait le bon choix, je crois, pas de chef, mes propres horaires…– Je viendrai te voir alors, parce qu’il faut vraiment que je m’occupe de mes yeux.– Pas de problème.Je te ferai ça à l’œil.Sonia, définitivement conquise : C’est vachement gentil.Puis Sandrine fixe les yeux de Sonia.– Tu as déjà pensé à t’occuper de tes paupières ?– Mes paupières ? s’étonne Sonia.– Tu as des paupières à la Charlotte Rampling.Jeune, c’est magnifique, mais après, elles retombent, forment un pli et c’est vraiment pas beau… Moi, j’ai des paupières qui ne tomb…N’étant plus attaquée frontalement par cette psychopathe, retrouve mon sens de la repartie pour défendre Sonia et remettre à sa place cette salope :– En fait, tu es la fille parfaite.Tu ne grossis pas, tu n’es pas presbyte, tu as un boulot génial, tu as des paupières qui ne tombent pas, ton mec ne te quittera pas… Mais dis-moi, tu ne serais pas super con ?RÉCAPITULONSTout comme nous avons toutes un Dennis Quaid pour nous humilier, nous avons généralement parmi nos relations une personne nocive, dont l’objectif est de nous enfoncer la tête sous l’eau.Cette femme va toujours très bien, est parfaite, fait les bons choix, n’a peur de rien ni de personne, les mots s’échappent de sa bouche comme des crapauds des lèvres d’une sorcière.Dans la mesure du possible, évitez de rencontrer ces personnes lorsque vous vous sentez fragile.Mais si vous êtes en forme, la néfaste peut être un objet d’étude intéressant.Interrogez-la, intéressez-vous à elle.Poussez-la à dire ce qu’elle a dans le ventre, c’est seulement comme ça que vous comprendrez à quel point sa posture n’est qu’une défense, et qu’au fond elle est aussi fragile que vous
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