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.Dans ce moment suprême, il était croyant.Qu'importent les hypocrisies des prêtres? peuvent-elles ôterquelque chose à la vérité et à la sublimité de l'idée de Dieu?Seulement alors, Julien commença à se repentir du crime commis.Par une coïncidence qui lui évita ledésespoir, en cet instant seulement, venait de cesser l'état d'irritation physique et de demi-folie où il étaitplongé depuis son départ de Paris pour Verrières.Ses larmes avaient une source généreuse, il n'avait aucun doute sur la condamnation qui l'attendait."Ainsi elle vivra! se disait-il.Elle vivra pour me pardonner et pour m'aimer."Le lendemain matin fort tard, quand le geôlier le réveilla:Il faut que vous ayez un fameux coeur, monsieur Julien, lui dit cet homme.Deux fois je suis venu et j'ai faitconscience de vous réveiller.Voici deux bouteilles d'excellent vin que vous envoie M.Maslon notre curé.Comment? ce coquin est encore ici? dit Julien.Oui, monsieur, répondit le geôlier en baissant la voix, mais ne parlez pas si haut, cela pourrait vouscompromettre.Julien rit de bon coeur.Au point où j'en suis, mon ami, vous seul pourriez me nuire si vous cessiez d'être doux et humain.Vousserez bien payé, dit Julien en s'interrompant et reprenant l'air impérieux.Cet air fut justifié à l'instant par le don d'une pièce de monnaie.CHAPITRE XXXVI.DÉTAILS TRISTES 262Le Rouge et Le NoirM.Noiroud raconta de nouveau et dans les plus grands détails tout ce qu'il avait appris sur Mme de Rênal,mais il ne parla point de la visite de Mlle Élisa.Cet homme était bas et soumis autant que possible.Une idée traversa la tête de Julien: "Cette espèce de géantdifforme peut gagner trois ou quatre cents francs, car sa prison n'est guère fréquentée; je puis lui assurer dixmille francs, s'il veut se sauver en Suisse avec moi.La difficulté sera de le persuader de ma bonne foi."L'idée du long colloque à avoir avec un être aussi vil inspira du dégoût à Julien, il pensa à autre chose.Le soir, il n'était plus temps.Une chaise de poste vint le prendre à minuit.Il fut très content des gendarmes,ses compagnons de voyage.Le matin, lorsqu'il arriva à la prison de Besançon, on eut la bonté de le loger dansl'étage supérieur d'un donjon gothique.Il jugea l'architecture du commencement du XIXe siècle; il en admirala grâce et le légèreté piquante.Par un étroit intervalle entre deux murs au-delà d'une cour profonde, il avaitune échappée de vue superbe.Le lendemain, il y eut un interrogatoire, après quoi, pendant plusieurs jours, on le laissa tranquille.Son âmeétait calme.Il ne trouvait rien que de simple dans son affaire: "J'ai voulu tuer, je dois être tué."Sa pensée ne s'arrêta pas davantage à ce raisonnement.Le jugement, l'ennui de paraître en public la défense ilconsidérait tout cela comme de légers embarras, des cérémonies ennuyeuses auxquelles il serait temps desonger le jour même.Le moment de la mort ne l'arrêtait guère plus: "J'y songerai après le jugement."La vien'était point ennuyeuse pour lui, il considérait toutes choses sous un nouvel aspect, il n'avait plus d'ambition.Ilpensait rarement à Mlle de La Mole.Ses remords l'occupaient beaucoup et lui présentaient souvent l'image deMme de Rênal, surtout pendant le silence des nuits troublé seulement, dans ce donjon élevé, par le chant dél'orfraie!Il remerciait le ciel de ne l'avoir pas blessée à mort."Chose étonnante! se disait-il, je croyais que par sa lettreà M.de La Mole elle avait détruit à jamais mon bonheur à venir et moins de quinze jours après la date de cettelettre, je né songe plus à tout ce qui m'occupait alors.Deux ou trois mille livres de rente pour vivre tranquilledans un pays de montagnes comme Vergy.J'étais heureux alors.Je ne connaissais pas mon bonheur!"Dans d'autres instants, il se levait en sursaut de sa chaise."Si j'avais blessé à mort Mme de Rênal, je me seraistué.J'ai besoin de cette certitude pour ne pas me faire horreur à moi-même."Me tuer! voilà la grande question, se disait-il.Ces juges si formalistes, si acharnés après le pauvre accusé,qui feraient pendre le meilleur citoyen pour accrocher la croix.Je me soustrairais à leur empire, à leursinjures en mauvais français, que le journal du département va appeler de l'éloquence."Je puis vivre encore cinq ou six semaines, plus ou moins.Me tuer! ma foi non, se dit-il après quelquesjours, Napoléon a vécu."D'ailleurs, la vie m'est agréable; ce séjour est tranquille; je n'y ai point d'ennuyeux, ajouta-t-il en riant, et ilse mit à faire la note des livres qu'il voulait faire venir de Paris"CHAPITRE XXXVII.UN DONJONLe tombeau d'un ami.STERNE.Il entendit un grand bruit dans le corridor; ce n'était pas l'heure où l'on montait dans sa prison; l'orfraies'envola en criant, la porte s'ouvrit, et le vénérable curé Chélan tout tremblant et la canne à la main, se jetaCHAPITRE XXXVII
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