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.Cet �v�nement r�pugnant, par bonheur pass� inaper�u, tombedans l'oubli d�s que nous montons � bord de la petite barque de l'onclede Zorko.Seul � savoir manier l aviron pour naviguer en pointe, il nousaligne sur les bancs de fa�on que le gros Radoch ne nous fasse pas couler.Il s'installe � l'arri�re de l'embarcation et avance � la godille telun vrai chef de nage.Dans le silence qui nous entoure, nous nous taisons soudaincomme si nous p�n�trions dans un sanctuaire, respirant au rythmerapide des clapotis sous l'aviron de Zorko.Porteuse d un limonprintanier, l'eau vert-jaune tourbillonne derri�re nous, me rappelant lanoyade � laquelle je n �tais pas pr�destin� dans ce m�me bras derivi�re.Envo�tante et mena�ante � la fois, une force myst�rieuse metaquine, me pousse � sauter dans les profondeurs de la Save.Depuis led�part de Maminka, cette m�me force s�ductrice m'a rendu visite �maintes reprises pour me mettre � l �preuve et m offrir toutes sortes dep�rils, m'inviter � me supprimer : me pendre dans le grenier, sauter sousun train, faire hara-kiri comme de nobles Japonais ou, tout simplement,me laisser aller � la ruine, pareil au bateau qui coule de son plein gr� ense sabordant.Radoch dit que la mort est contagieuse, que tous nous devonsmourir un jour, que la mort est une pand�mie ingu�rissable qui affectetous les humains.Je ne pense pas que ce soit tout � fait vrai.Le suicideest plus contagieux.Quant � la vie, autant que je puisse en juger, c estla plus infectieuse de toutes les maladies.En pr�sence de Maya, le bSuf Alex se montre beaucoup pluscoop�ratif que lors de notre premi�re rencontre.Il avale gloutonnementdans sa main une grande touffe d'herbe, se d�lecte d'une poign�e desel que Maya, petite-fille de paysans, lui a apport�e en cadeau, acceptede porter son joug et d'�tre attel�.Attach� � une barre entre deuxflotteurs du Petit cheval de f�es, il le tire du bourbier et le d�pose surl'eau stagnante.Munis de produits de nettoyage, de brosses et deserpilli�res, nous passons la journ�e � le frotter, d�crotter, gratter ettorcher.En fin d'apr�s-midi, le Petit cheval de f�es est propre comme une�cuelle � chat.H�las ! cette propret� nouvellement acquise nous faitmieux mesurer les d�g�ts occasionn�s par sa chute.La peau couvertede piq�res de moustiques et de br�lures d'orties, nous nous voyonsoblig�s de reporter notre vol, dans le meilleur des cas � l'automne, sinonau printemps prochain. � Petit � petit, l'oiseau fait son nid, dis-je en citant oncle Edouard.Et j'ajoute d'une voix sonore, feignant d avoir confiance en l'avenir :Formidable, n'est-ce pas ! �C'est Tchaslav qui va remonter notre moral �branl� en sortant deson sac un marteau, un sachet de clous et une quinzaine de groscaract�res, d�coup�s dans une feuille d'aluminium.Souriant, maisbouche cousue, il nous tourne le dos et se met � les clouer sur le flancdu planeur.Pendant ce temps, Zorko grimpe sur une aile et se faufiledans la cabine de pilotage.Deux minutes plus tard, Tchaslav s arr�te,s'�carte et nous d�voile son Suvre.Enchant�s, nous lisons : � P tit cheval de f�es �.Seul Radoch fronce les sourcils.� Pourquoi cette apostrophe ? demande-t-il.- Il n'y avait plus d'aluminium �, explique Tchaslav.D�bordant de joie, Maya s'�crie :� Longue vie au P tit cheval de f�es ! �Nous l'acclamons par des cris de liesse :� Longue vie ! Hip, hip, hip, hourra ! �Alors que Zorko nous salue de la cabine, en agitant les ailerons etle stabilisateur du planeur, nous crions � l'unisson :� Bon vent au P tit cheval de f�es ! �Sur le chemin du retour, les yeux riv�s sur les remous de l'eau, jeme mords les joues jusqu'au sang en �coutant Maya se plaindre desm�chancet�s et des vilenies que lui fait subir de plus en plus souventGill� le Melon, ce s�ducteur, ce ma�tre chanteur qui a d�cid� decorrompre son innocence et sa vertu.Usant de fausses promesses et de menaces, soufflant le chaud etle froid, l inf�me Gill� tente de l'acculer au mur : des vacances dans uncamp de jeunesse communiste au bord de la mer, fermeture del'�picerie de son p�re, balades sur son scooter, expulsion de l'�cole.Maya n'ose se confier � son p�re, de crainte qu'il ne d�croche du murson fusil de chasse !Au terme de son r�cit, les dents serr�s, je jure en mon for int�rieur:� S'il touche � Maya, je le d�crocherai moi-m�me ! �Rentr� � la maison, je me pr�cipite dans la salle de bains pourlaver de mon bas-ventre cette ignoble bavure qui me fait mourir de honte.Allong� dans la baignoire, les yeux mi-ferm�s, je la frotte avecune �ponge.Dans ma t�te resurgit notre course folle sur le Tigre 2, lesvirages que nous avons d�val�s ; l image est si vivante que j ail impression que Maya, en chair et en os, se trouve de nouveau derri�remoi, la pointe de ses seins appuy�e sur mon dos.Je presse mon �ponge, je frotte de toutes mes forces et unevague de chaleur intense me submerge.Empoignant mon �pi de ma�s,pris de vertige de m�me que sur la bicyclette, essouffl� comme pendantune course de vitesse, je vis un instant de petite mort sublime.Montuyau d'arrosage affol� crache sa salive, qui ressemble � du blanc d'Suf,et se d�gonfle aussit�t tel un ballon perc�.Le souffle perdu et le cSur d�faillant, j'observe le crachat flotterau-dessus de mon nombril et je commence � comprendre que je viensde commettre ce m�me acte ignoble que, depuis peu, mes amispratiquent et d�crivent avec fiert� et d�lectation.C'est le pied, ditRadoch, jouer du poignet ! De plus, il se vante de le faire tous les jours.Quant � Tchaslav et � Zorko, ils appellent �a respectivement se taperune branlette et jouer au billard anglais.Ils ne craignent nullement que,� en croire les contes de bonne femme, cette jouissance p�cheresse lesrende sourds ou dess�che leur colonne vert�brale.Mais le pire, dans ce casse-t�te, ce qui me donne des sueursfroides dans l'eau chaude de mon bain, ce n'est pas l'acte lui-m�me,c est son pi�tre r�sultat.Mes amis disent qu ils jouent du poignet pours'envoyer en l'air, pour d�verser leur semence.Cette sacr�e semenceque je n'ai jamais vue, je l'imaginais comme de grands grains de ma�sou comme des graines de melon [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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